L’élevage comme rapport d’appropriation naturalisé :
le cas du publispécisme
Ce mémoire de sociologie situe l’élevage dans la continuité des rapports d’appropriation que sont le servage, l’esclavage et le sexage, utilisant la thèse de Colette Guillaumin selon laquelle les rapports d’appropriation produisent une idée de Nature les inscrivant dans le règne du spontané et du légitime. Il conclut sur la nécessité d’inclure la question des rapports sociaux d’espèce dans les recherches sur les rapports de pouvoir et les inégalités.
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Présentation
En s’appuyant sur les outils théoriques développés par les féministes matérialistes depuis les années 1970, cette recherche[1]Axelle Playoust-Braure, « L’élevage comme rapport d’appropration naturalisé : le cas du publispécisme », mémoire de sociologie, Université du Québec à Montréal, … Voir plus propose un regard inédit sur les rapports humains/animaux dans le cadre de l’institution de l’élevage. En situant cette dernière dans la continuité des rapports d’appropriation que sont le servage, l’esclavage et le sexage, il s’agit de donner à voir le processus d’animalisation – c’est-à-dire de mise en situation minoritaire – des individus élevés, mais aussi de contrer les différentes stratégies idéologiques visant à occulter la dimension organisée, arbitraire et violente de ce processus. Après avoir repéré quelques-unes de ces stratégies dans la recherche en sciences sociales (species-blindness et recours au paradigme maussien don/contre-don pour théoriser l’élevage), un corpus de 139 contenus publicitaires pour des produits issus de l’élevage (publispécisme) est analysé. À travers une approche socio-sémantique et par la constitution d’une typologie en quatre classes, nous montrons que les animaux y sont soit absents en tant qu’individus (référents absents), soit présents en tant qu’animalisés, déjà-viande et toujours disponibles (différents présents). Ces résultats viennent en appui de la thèse de Colette Guillaumin selon laquelle les rapports d’appropriation produisent une idée de Nature leur permettant de s’inscrire dans le règne du spontané et du légitime. Nous concluons sur la nécessité, aussi bien épistémologique que politique, d’inclure la question des rapports sociaux d’espèce dans les recherches sur les rapports de pouvoir et les inégalités.
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Image par Christian B., Pixabay
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Notes et références
↵1 | Axelle Playoust-Braure, « L’élevage comme rapport d’appropration naturalisé : le cas du publispécisme », mémoire de sociologie, Université du Québec à Montréal, 2018, en ligne ; Axelle Playoust-Braure, « Du sexage à l’élevage. Éléments pour une analyse matérialiste des rapports sociaux d’espèce », dans Dominique Bourque, Sandrine Charest-Réhel, Johanne Coulombe, Jules Falquet, Elsa Galerand, Félix L. Deslauriers, Linda Pietrantonio, (dir.), colloque Actualité de Colette Guillaumin, Université d’Ottawa, 2017, en ligne. |
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