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Sur La Nature de John Stuart Mill

Dans ce court article, Estiva Reus présente un texte fameux de John Stuart Mill, qui se propose d’examiner la validité des doctrines qui font de la Nature un critère du juste et de l’injuste, du bien et du mal. Un excellent résumé !


La Nature [1]John Stuart Mill, La Nature, La découverte, 2003 (165 pages, 8,50€). L’essai de Mill proprement dit n’occupe que 50 pages. Le reste du livre est composé de deux textes (de Montesquieu … Voir plus est un essai de philosophie morale [2]Il fut probablement rédigé entre 1854 et 1858, mais ne fut publié qu’en 1874 dans un volume intitulé Three Essays on Religion.. Mill se propose d’examiner « la validité des doctrines qui font de la Nature un critère du juste et de l’injuste, du bien et du mal, ou qui d’une manière ou à un degré quelconque approuvent ou jugent méritoires les actions qui suivent, imitent ou obéissent à la Nature » (p. 55). Le sujet lui paraît important parce que l’idée de nature est omniprésente dans les discours à vocation normative. Ce qui est naturel est bien, disent les hommes depuis des siècles. En pratique, ajoute l’auteur, leur attitude est plus ambiguë : tantôt ils dénoncent avec indignation ce qu’ils jugent contre-nature, tantôt ils célèbrent les conquêtes qui ont permis à l’humanité d’échapper aux rigueurs de sa condition primitive, dénigrant par là même l’ordre naturel spontané. Ce constat reste si vrai à notre époque qu’on ne saurait rester indifférent à la question posée par Mill, ni à la réponse qu’il y apporte : « La conformité à la nature n’a absolument rien à voir avec le bien et le mal » (p. 95).

Mill démontre que la règle « obéir à la nature » ne saurait constituer le fondement de la morale. La raison qu’il en donne est à la fois simple et puissante : ce précepte doit être rejeté parce qu’il est vide de sens. Il suffit pour le découvrir de se pencher sur la signification du mot « nature ». Celui-ci a deux acceptions principales : « il désigne soit le système entier des choses avec l’ensemble de leurs propriétés, soit les choses telles qu’elles seraient en l’absence d’intervention humaine » (p. 97).

 

La nature comme « système entier des choses »

Dans le premier sens, la nature n’est autre que la réalité dans son ensemble, cette réalité dont les sciences s’efforcent de comprendre les rouages en formulant des lois (physiques, biologiques…) parfois rassemblées sous la dénomination « lois de la nature ».

 

Dans cette acception, recommander d’agir selon la nature est superflu, puisque nul ne peut s’en empêcher, qu’il agisse bien ou mal. […] Il est absurde d’ordonner aux gens de se conformer aux lois de la nature quand ils n’ont d’autre pouvoir que celui que leur confèrent ces lois, quand il leur est matériellement impossible de faire la moindre chose autrement qu’à travers quelque loi de la nature (p. 58).

 

L’agriculture bio, la culture d’OGM, le clonage, la conduite automobile, la pêche, l’excision, la contestation de l’excision, ou toute autre activité ne peuvent être jugées selon leur degré de conformité à la nature. Toutes font intégralement partie de la nature, au premier sens du terme, et sont effectuées en se pliant totalement à ses lois.

On peut en revanche recommander de connaître la nature. Cette prescription-là n’est pas vaine car c’est une condition d’efficacité de l’action. Il faut connaître les propriétés des choses et les interdépendances entre les diverses composantes du réel pour évaluer correctement les conséquences de ses actes et ainsi parvenir à ses fins.

 

Si par conséquent l’inutile précepte de suivre la nature était changé en celui d’étudier la nature – de connaître et de tirer parti des propriétés des choses que nous utilisons, dans la mesure où ces propriétés sont susceptibles de favoriser ou d’entraver la réalisation d’un but donné – on parviendrait au principe fondamental de toute action intelligente, ou plutôt à la définition même de l’action intelligente (p. 59).

 

Mais, ajoute Mill, le précepte « connaître la nature » n’a aucun contenu moral. Une action juste désigne autre chose qu’une action intelligente, et ceux qui invoquent l’obéissance à la nature comme guide de bonne conduite ne peuvent avoir un principe de rationalité instrumentale à l’esprit. Savoir qu’il est plus facile de forcer quelqu’un à parler en lui coupant quelques doigts qu’en lui chantant une berceuse n’indique rien sur la légitimité de la torture.

 

John Stuart Mill (1806-1876)

Philosophe, économiste, penseur social et politique, Mill compte parmi les grandes figures intellectuelles de l’Angleterre du XIXe siècle. Ses œuvres complètes (correspondance incluse) occupent 25 volumes dans l’édition réalisée par J.M. Robson. Elles comprennent notamment ses livres les plus connus :

  • 1838 : Essai sur Bentham* (révisé en 1859)
  • 1843 : Système de logique inductive et déductive*
  • 1848 : Principes d’économie politique
  • 1859 : De la liberté*
  • 1861 : Considérations sur le gouvernement représentatif
  • 1862 : L’utilitarisme*
  • 1869 : De l’assujettissement des femmes* (écrit en 1861)
  • 1873 : Autobiographie* (Commencé au début des années 1850)
  • 1874 : Trois essais sur la religion ( « La Nature* », « Utilité de la religion » et « Le Théisme »)

Les titres suivis d’un astérisque sont ceux dont il existe une édition française. Le texte intégral de plusieurs écrits de Mill est par ailleurs disponible sur Internet (en anglais).

 

La nature par opposition à l’artifice

Dans un second sens, le naturel s’oppose à l’artificiel [3]Dans son essai, Mill explore encore d’autres connotations associées aux termes « nature » ou « naturel ». Elles s’avèrent aussi inaptes que les deux acceptions principales à … Voir plus. La nature ne désigne plus la réalité dans son ensemble, mais uniquement cette partie du réel qui existe ou qui se produit sans intervention humaine. Cette acception ne permet pas davantage que la première de fonder l’obligation morale sur la conformité à la nature. Car toute action humaine devient par définition une ingérence dans l’état naturel des choses : « Bêcher, labourer, bâtir, porter des vêtements sont des infractions directes au commandement qui prescrit de suivre la nature » (p. 61). Faire du respect de la nature la base de l’éthique humaine devient dès lors hors de portée (sauf peut-être à considérer le suicide comme l’unique action moralement acceptable).

Non seulement cette prescription est absurde, mais elle va à l’encontre de notre conception du bien. Mill ne voit dans la nature ni fontaine de bonheur, ni harmonie spontanée, ni source de châtiments utiles ou mérités :

 

La simple vérité est que la nature accomplit chaque jour presque tous les actes pour lesquels les hommes sont emprisonnés ou pendus lorsqu’ils les commettent envers leurs congénères (p. 68).

 

Elle fauche ceux dont dépend le bien-être de tout un peuple […] avec aussi peu de remords que ceux pour qui la mort est un soulagement pour eux-mêmes ou une bénédiction pour les personnes soumises à leur influence nocive (p. 69).

 

En matière d’injustice, de ruine et de mort, un ouragan et une épidémie l’emportent de beaucoup sur l’anarchie et le règne de la terreur (p. 70).

 

Il ne s’agit pas de soutenir que la nature est toujours mauvaise. Mais souligner que les agonies douloureuses, famines, maladies, et autres catastrophes naturelles sont perçues comme d’immenses malheurs, et rappeler la gratitude des humains pour la plupart des moyens inventés pour s’en prémunir, montre que nul n’utilise de façon systématique le critère de conformité à la nature comme fondement de ses jugements moraux. Personne ne souhaite vraiment que nous imitions la nature en tout point, mais « les hommes ne renoncent pas volontiers à l’idée qu’une partie de la Nature au moins a été conçue comme un exemple ou un modèle » (p. 79). Le dosage des deux attitudes obéit à une logique mystérieuse, que Mill soupçonnait dénuée de fondement rationnel :

 

Aucune doctrine reconnue n’a jamais réussi à établir quelles étaient les portions particulières de l’ordre naturel qu’il fallait supposer destinées à notre instruction et direction morale ; par conséquent, chacun a décidé selon sa prédilection ou convenance du moment… (p. 79)

 

La révérence pour l’ordre naturel ne saurait légitimer l’imitation de certaines composantes de la nature de préférence à d’autres. Or, c’est toujours de façon sélective qu’on fait appel à ce critère. Par conséquent, lorsqu’une personne invoque cet argument en faveur d’une norme quelconque, il faut chercher ailleurs la véritable explication de la position qu’elle défend.

 

Pourquoi la croyance que la nature commande et punit ?

Mill apporte un éclairage sur les raisons (historiques, psychologiques…) pour lesquelles le précepte « suivre la nature » exerce un tel attrait, et sur les ressorts qui donnent une apparence de crédibilité aux discours qui le propagent.

Il mentionne par exemple l’admiration qu’inspire la complexité et la force des phénomènes naturels comme un facteur portant à confondre une émotion esthétique avec un jugement moral.

Il montre comment la confusion entre le descriptif et le prescriptif a été entretenue en jouant sur les deux sens du mot loi, qui désigne tantôt une régularité tantôt un commandement. Les « lois de la nature » mises en évidence par les sciences sont selon les termes de Mill « des uniformités de coexistence et de succession que l’on observe dans les phénomènes de l’univers [4]Citation extraite d’un texte de Mill intitulé « Austin on Jurisprudence ». (la loi de la gravitation par exemple). Nul ne peut s’y soustraire quand il est placé dans le champ dans lequel elles s’exercent. Les lois dont traite la morale ou le droit sont quant à elles des injonctions à agir d’une certaine manière. On peut choisir de s’y soumettre ou non. Maints discours sommant les hommes de respecter les lois naturelles se sont alimentés du glissement entre les deux sens du mot loi, avec pour conséquence absurde de laisser entendre qu’il « existerait une relation étroite (et même une identité absolue) entre ce qui est et ce qui doit être » (p. 57).

Mill développe enfin le rôle qu’a joué le sentiment religieux.

 

La conscience que tout ce que le genre humain fait pour améliorer sa condition consiste dans une large mesure à déprécier et à contrarier l’ordre spontané de la nature a de tout temps conduit à jeter au premier abord une suspicion d’impiété sur les tentatives nouvelles et inédites d’amélioration du sort humain, comme si elles étaient toujours peu flatteuses et très probablement offensantes envers les êtres puissants (ou, lorsque le polythéisme eut laissé la place au monothéisme, envers l’Être tout-puissant) supposés gouverner les divers phénomènes de l’univers, et dont la marche du monde était censée exprimer la volonté (p. 62).

 

L’auteur poursuit par une attaque en règle des tentatives faites pour justifier les malheurs causés par la nature par les bienfaits censés en résulter. Certes, les interdépendances entre les faits sont si nombreuses que parmi les conséquences proches ou lointaines d’un événement quelconque, on a de grandes chances d’en trouver à la fois de bonnes et de mauvaises. Il est toutefois indémontrable, et très probablement faux, que le mal produise généralement un excédent de bien. Au demeurant,

 

Quand bien même il serait vrai que, contrairement aux apparences, la nature travaille à de bonnes fins lorsqu’elle perpètre ces horreurs, comme personne ne croit que nous servirions de bonnes fins en suivant cet exemple, la marche de la nature ne peut être pour nous un modèle qu’il convient d’imiter. Soit il est bien de tuer parce que la nature tue, de torturer parce qu’elle torture, de semer la ruine et la dévastation parce qu’elle le fait, soit il ne faut tenir aucun compte de ce que fait la nature et considérer seulement ce qu’il est bien de faire (p.70).

 

L’affirmation selon laquelle les maux naturels sont en réalité d’immenses bienfaits doit beaucoup à l’effort désespéré des croyants pour se débarrasser du paradoxe du mal (Comment un Dieu de bonté peut-il permettre la souffrance des innocents ?). D’où l’obstination à soutenir contre toute évidence que la création est toujours bonne puisqu’elle est l’œuvre de Dieu [5]Selon Mill, si l’on veut croire que Dieu existe et qu’il est bon, la seule issue cohérente est d’admettre qu’il n’est pas tout-puissant..

 

Si le dixième des efforts qu’on a consacrés à découvrir partout dans la nature des adaptations bénéfiques avait été employé à rassembler des preuves pour noircir le caractère du Créateur, quelle vaste matière à commentaire n’aurait-on pas trouvé dans l’existence entière des animaux inférieurs, divisés presque sans exceptions en dévorateurs et dévorés, et soumis à mille maux contre lesquels on leur a refusé toutes les facultés nécessaires pour se défendre (p. 92) !

 

Un antidote parfait à parfaire

L’essai de Mill n’est pas spécifiquement consacré aux animaux. Il devrait pourtant figurer dans la pharmacie de tout militant animaliste. C’est un remède souverain pour contrer les objections qu’on lui oppose perpétuellement (manger de la viande est naturel, chasser est naturel…). C’est aussi un antidote qu’il devrait s’administrer à lui-même s’il se sent séduit par la vogue dont jouit la glorification de la nature, ou s’il est tenté d’en tirer parti en faveur des animaux. Populaires ou non, de mauvais arguments sont de mauvais arguments.

La démonstration par Mill de la vacuité du précepte « suivre la nature » est parfaite. L’expérience montre pourtant que face à de nombreux usagers de « naturel » comme synonyme de « bien [6]On les rencontre surtout dans les familles bio, écolo, holistes, médecines naturelles, et chez des croyants qui reproduisent les travers repérés par Mill. », elle ne suffit pas à convaincre. Ils ne réussissent pas à la contester, mais s’en évadent par des chemins tellement hors de propos qu’il paraît sans espoir de les ramener sur le terrain de la logique. Lorsqu’on réfute la valeur normative de la conformité à la nature, il est fréquent de recevoir en guise de critique des réflexions telles que : « Tu te prends pour Dieu » ; « Écoute la Nature en toi et tu retrouveras l’Harmonie avec l’Univers » ; « L’agriculture chimique empoisonne la Terre et l’organisme » ; ou encore : « Si tu préfères le béton et les pots d’échappement aux champs et aux forêts, ça te regarde ». Que voulez-vous répondre à quelqu’un qui, lorsque vous lui expliquez que les salades ne peuvent pas servir de rasoir, rétorque « si, puisqu’elles sont meilleures que les cravates en vinaigrette [7]Non moins désespérantes sont les réactions de ceux qui approuvent chaleureusement ce que Mill n’a pas dit mais qu’ils s’empressent d’entendre. Ceux-là se recrutent plutôt … Voir plus » ?

L’argumentation de Mill est sans faille sur le plan de la raison. La résistance qu’elle rencontre montre que la raison ne suffit pas. Si une foule de gens s’accrochent à une idée manifestement fausse, c’est sans doute qu’elle satisfait des besoins psychologiques tels qu’il leur est nécessaire de continuer à s’aveugler. Pour combattre le mirage selon lequel le « respect de l’ordre naturel » pourrait donner un contenu et une justification à la morale, il faut encore mieux comprendre et faire comprendre les causes qui le font surgir : poursuivre l’analyse des peurs qu’il sert à conjurer et du réseau très dense de croyances dans lequel il s’insère.

Une des raisons qui font l’attrait du « respect de la nature » est qu’en apparence il donne un fondement objectif à la morale (dont les préceptes seraient inscrits lisiblement dans la réalité, ou émaneraient d’une autorité infaillible), donc qu’il résout de façon illusoire un problème très réel et terriblement ardu. La meilleure façon de se débarrasser d’une mauvaise solution est sans doute d’en proposer une bonne. L’argumentation développée par Mill dans La nature repose entre autres sur la dénonciation de la naturalistic fallacy [8]Le glissement indu chez les moralistes de ce qui est à ce qui doit être, dont David Hume avait fourni en 1740 une critique demeurée célèbre dans le troisième volume de son Traité de la nature … Voir plus. S’il était possible de contourner l’interdit humien, de préserver sa portée critique tout en trouvant un moyen de déduire correctement ce qui doit être de ce qui est, alors on aurait découvert à la fois une méthode incontestable d’établissement du contenu des préceptes éthiques, et une justification de la morale qui la mettrait définitivement à l’abri de tout relativisme. Il se peut qu’il y ait une impossibilité logique à cela. Le fait que depuis des siècles les philosophes n’y soient pas parvenus n’est guère encourageant. Tout de même, si l’on finissait par découvrir un moyen…



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    Notes et références

    Notes et références
    1 John Stuart Mill, La Nature, La découverte, 2003 (165 pages, 8,50€). L’essai de Mill proprement dit n’occupe que 50 pages. Le reste du livre est composé de deux textes (de Montesquieu et Volnay) illustrant le propos de Mill, ainsi que d’une présentation, une postface et un lexique de Francisco Vergara. Détail surprenant : l’éditeur s’est permis d’apporter une foule de modifications à la traduction de La Nature à l’insu de la traductrice.
    2 Il fut probablement rédigé entre 1854 et 1858, mais ne fut publié qu’en 1874 dans un volume intitulé Three Essays on Religion.
    3 Dans son essai, Mill explore encore d’autres connotations associées aux termes « nature » ou « naturel ». Elles s’avèrent aussi inaptes que les deux acceptions principales à justifier des normes éthiques.
    4 Citation extraite d’un texte de Mill intitulé « Austin on Jurisprudence ».
    5 Selon Mill, si l’on veut croire que Dieu existe et qu’il est bon, la seule issue cohérente est d’admettre qu’il n’est pas tout-puissant.
    6 On les rencontre surtout dans les familles bio, écolo, holistes, médecines naturelles, et chez des croyants qui reproduisent les travers repérés par Mill.
    7 Non moins désespérantes sont les réactions de ceux qui approuvent chaleureusement ce que Mill n’a pas dit mais qu’ils s’empressent d’entendre. Ceux-là se recrutent plutôt parmi les humanistes et gens de gauche. De Mill, ils retiennent uniquement « la nature est mauvaise », ce qu’ils traduisent aussitôt en « la nature n’existe pas », d’où ils embrayent allégrement sur une ode à la puissance de la culture (humaine s’entend), et sur l’affirmation selon laquelle chez notre espèce nulle contrainte d’ordre biologique ne limite la plasticité des comportements individuels ni la diversité des organisations sociales réalisables.
    8 Le glissement indu chez les moralistes de ce qui est à ce qui doit être, dont David Hume avait fourni en 1740 une critique demeurée célèbre dans le troisième volume de son Traité de la nature humaine.

    Estiva Reus a été rédactrice en cheffe des Cahiers Antispécistes. Elle a écrit plusieurs chapitres d'ouvrage, par exemple dans "La pensée végane" et dans "La Révolution antispéciste". Elle est autrice de "Manger autrui ?", préfacière de "L'éthique à table. Pourquoi nos choix alimentaires importent ?" de Peter Singer et Jim Mason, et encore autrice de "Espèces et éthique.. Darwin : une révolution à venir." Elle tient la page Facebook "Kiosque animal".